Au début était le verbe.
“Au début était le verbe”, ainsi commence le premier verset du premier chapitre de l’évangile de Saint-Jean, qui se lit ainsi : "Au commencement était le Verbe (le logos en grec), et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu." (Jean 1:1). Saint-Jean inscrit le christianisme primitif dans la tradition de la pensée philosophique grecque qui faisaient du logos une force rationnelle qui ordonnait le monde.
Notre civilisation est construite sur cette idée fondatrice : le verbe précède la création de l’univers. Les mots et les idées donnent forme à la réalité physique. Les idées et les concepts précèdent la construction physique. La littérature, comme la philosophie, modèle notre compréhension et notre interprétation du monde. Elles sur-déterminent notre manière d’habiter notre planète.
Dans notre projet de rénovation aussi, “au début était le verbe”. Bien avant d’avoir visité le bâtiment, découvert son jardin, travaillé sur des planches de tendances, des esquisses, des plans d’architectes ou des choix de matériaux, il y eut le Verbe.
Ce furent les mots, d’Henri David Thoreau et de Ralph Waldo Emerson, sur la simplicité, la nature et une vie réfléchie qui devinrent notre “Verbe”. Ils n’inspirent pas seulement nos choix esthétiques ou techniques, ils constituent notre impulsion initiale. Cette force qui vous permet de vous ré-inventer ou plutôt de renaître.
Petite explication. Il y a plus de 150 ans, deux philosophes américain, Emerson et Thoreau, donne naissance et structure un mouvement intellectuel, le transcendantalisme qui mettent l’accent sur l’intuition individuell, la spiritualité personnelle et l'importance de la nature pour atteindre une compréhension plus profonde de l'univers et de soi-même. Ils engagent une critique visionnaire de la surconsommation. Ils appellent à une vie plus sobre privilégiant la qualité à la quantité. Leurs appels à dépasser les préoccupations matérielles pour atteindre une compréhension de la vie et de la nature, leurs visions d’une nature comme une source d'inspiration esthétique et une forme de transcendance pour se connecter à des vérités plus grandes sur l'existence et l'univers, cette recherche d'une expérience plus profonde, dans un monde souvent dominé par le matérialisme et la technologie, font plus que inspirer nos choix, ils structurent notre rapport au monde.
A bien y réfléchir, ce que nous essayons de faire avec l'hôtel de Vignolles n’est pas un projet de rénovation immobilière ou de construction hôtelière, c’'est la matérialisation d'une vision littéraire, où chaque choix de conception reflète un principe ou une idée.
La rénovation n'est pas seulement une transformation physique d’un bâtiment ; c'est une traduction d’une pensée littéraire en réalité tangible. Chaque aspect de l'hôtel - de la disposition des pièces à la décoration intérieure - est une réflexion des thèmes de simplicité, de nature, et de contemplation. Cette transformation donne une signification profonde à l'espace. Pour nous, l'hôtel, ne sera pas seulement un espace pour dormir ou manger, ce sera un lieu où les idées seront explorées et vécues.
L'expérience que nous voulons offrir aux visiteurs de l'hôtel n'est pas celle d'un séjour dans un lieu physique, mais d'une immersion dans une histoire, un récit. Les clients de l'hôtel ne seront pas les occupants d'une chambre ; ils seront les lecteurs, les participants d'une histoire, ou plutôt d’une utopie, qui se déroule autour d'eux, où chaque élément de l'hôtel contribue à cette narration.
Notre ambition est de créer un lieu où la littérature, la philosophie et l'architecture se rencontrent pour offrir une expérience unique et transformatrice. Il s'agit d'une entreprise culturelle et éducative qui offre aux visiteurs une expérience d'apprentissage et de réflexion.