L’histoire de la bâtisse singularise l’histoire du village.
Le bâtiment est l’ancien presbytère du village. Il est situé dans le cœur du village à quelques mètres de l’église et de la place centrale du village. Il fait plus de 900 mètres carrés et s'organise autour d’un escalier central qui dessert les 2 étages supérieurs. Il possède un jardin intérieur, accessible en demi étage, de 500 mètres carrés richement végétalisés.
A l’origine, la bâtisse est l'hôtel particulier de la famille de Vignolles, dont l’origine remonte à Etienne de Vignolles, plus connu sous le nom de La Hire, qui était un commandant militaire français réputé pour son rôle dans la Guerre de Cent Ans et pour sa collaboration avec Jeanne d'Arc. La Hire est né vers 1390 dans le sud-ouest de la France. Il a gagné son surnom, qui signifie "la colère" en ancien français, à cause de son tempérament fougueux et de sa tendance à jurer. Il a combattu aux côtés de Jeanne d'Arc lors du siège d'Orléans en 1429, une bataille clef qui a aidé à renverser le cours de la Guerre de Cent Ans en faveur de la France.
La Hire est souvent décrit comme l'un des plus fidèles alliés de Jeanne d'Arc, bien qu'il ignorait ses admonestations contre le blasphème et le pillage. Après le siège d'Orléans, La Hire a continué à combattre pour la cause française, remportant plusieurs autres victoires notables. Il fut également un des compagnons du Bon Roi René (Roi de Naples, de Jérusalem, Duc de Lorraine, De bar et d'Anjou,...) Il est mort en 1443, probablement de causes naturelles. Sa renommée sera telle, qu'il donnera son nom au valet de cœur dans les jeux de cartes Français !
Après la mort d'Étienne, la famille de Vignolles a continué à jouer un rôle dans la noblesse française, bien que sa notoriété ait diminué avec le temps. Originaire du sud ouest, elle s'installa en languedoc. Le dernier héritier de la famille de Vignolles, Sieur Auguste de Vignolles légua la bâtisse à Sieur Rodier de la Brugière qui vendit le bien à l’abbé Raynal à la fin du dix-neuvième siècle. Ce dernier mourut à Paris et c’est sa mère, veuve, qui en hérita. En 1900 elle vend ce bien à sa sœur qui le céda le 9 août 1905, soit 3 mois seulement avant la loi de séparation de l’église et de l’Etat, par un acte sous seing privé, à Paul Julien de Lasalle. En 1912, Paul Julien de Lasalle rédige ces dernières dispositions où il précise :
“ Je désire que mes enfants remettent à Mr le Curé de St Jean pour ses œuvres une somme de trois mille francs. Ils trouveront un papier portant un projet de vente de la maison Vignolles au Curé de St Jean. Cet acte signé et non daté devra être complété par l’addition d’une date de quelques jours antérieure à mon décès et cet acte devra être enregistré par les soins du Curé de St Jean dans les trois mois de la date qu’on y ajoutera. Que mes enfants veillent à l’exécution de cette formalité.”
Sa volonté, exprimée dans le document de 1912, ci-dessus transcrit, a bien été exécutée après sa mort en antidatant l’acte de cession de la maison au Curé Mouriès au 15.10.1923 et son dépôt à l’étude de Me Bousquet le 10.12.1923, soit deux jours avant la mort de Paul, survenue le 12.12.1923. La date d’acquisition de cette maison par Paul Julien de Lasalle à la tante de l’Abbé Raynal et le prix auquel il la cède ensuite au Chanoine Mouriès montrent bien l’intention de Paul d’aider à la résidence paroissiale du Chanoine. Il cède la maison pour 8 000 frs, mais il donne par testament 3 000 frs pour les œuvres de la paroisse. Tout cela relève d’une forte volonté de soutenir le Curé et la Paroisse en un temps où l’Etat cherche à diminuer l’influence de l’Eglise catholique.
Après la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, et celle de sécularisation civile et de ‘spoliation’ des biens des Eglises, l’Eglise catholique, à la différence des Eglises protestantes, refusa ce qu’elle considérait comme des mises devant le fait accompli. Elle rejeta l’organisation des cultes et des ressources ecclésiastiques par des Associations communales, comme le prévoyait la loi, et demanda, par principe épiscopalien, que cette organisation relevât d’Associations diocésaines. Si, dans cette affaire, le principe épiscopalien pesa de tout son poids, les enjeux financiers étaient aussi importants : les nouvelles dispositions légales mettaient un terme à l’entretien des lieux de culte et à la rémunération du Clergé par l’Etat, comme l’avaient organisé le Concordat et autres textes signés par Napoléon Ier environ un siècle plus tôt, et désormais abrogés.
Les Congrégations furent fermées et nombre de religieux durent s’exiler. Lorsqu’éclata la Grande Guerre en 1914, l'Église catholique appela tous ses fidèles à accomplir leur devoir national et les religieux exilés rentrèrent au pays pour répondre à cet appel. Les prêtres et religieux français versèrent l’impôt du sang au même titre que les autres citoyens. Après la guerre, face à la fermeté de l’Eglise catholique et en conséquence des sacrifices consentis par ses fidèles, l’Etat républicain dut renoncer à appliquer une politique d’ostracisme et accepter d’entrer en négociation avec le Vatican pour tenter de parvenir à une nouvelle normalisation.
La recherche d’une forme plus positive, ou moins négative, des relations entre l’Etat et l’Eglise catholique aboutit, en janvier 1924, sous la houlette d’Aristide Briand du côté français, à la signature d’un accord général.
De nouvelles modalités de prise en charge de l’entretien des lieux de culte en service au moment de l’entrée en vigueur de la loi de Séparation furent adoptées : aux Communes échut l’entretien des églises paroissiales (y compris celui des cathédrales déclassées lors de la suppression d’un nombre important d’évêchés pour faire coïncider les limites administratives départementale et épiscopale en 1790) et à l’Etat central celui des cathédrales en activité. Un autre volet des accords visait la création d’Associations Diocésaines pour l’organisation matérielle et religieuse des cultes et en conformité avec des statuts-types.
L’Association Diocésaine de Rodez fut créée deux ans plus tard, le 4 février 1926. En 1937, elle racheta au chanoine Mouriès, curé de Saint-Jean, la maison paroissiale, anciennement propriété d’Auguste de Vignolles, puis de l’abbé Raynal et enfin de Paul Julien de Lasalle, que ledit chanoine avait personnellement acquise grâce aux très généreuses libéralités de ce dernier.
Il est probable que les dernières volontés de l’abbé Raynal fut que l'hôtel de Vignolles revienne à l’Eglise de France. La famille de Paul Julien de Lasalle, qui habite un hôtel particulier dans la même rue que l'Hôtel de Vignolles, a probablement conçu ce montage créatif pour exécuter les volontés de l’Abbé Raynal.
Destin singulier de cet hôtel particulier de la famille de Vignolles, autrefois demeure d’une famille protestante puissante, qui se transforma en presbytère catholique. Le curé du village, sa mère et quelques familles nécessiteuses habitèrent ce bâtiment qui accueillait les cours de catéchisme et une bibliothèque pastorale toujours en activité. L’été, le curé projetait des films au rez-de-chaussée de la bâtisse.
L’immeuble a conservé des éléments remarquables : sol en pierres, tomettes, parquets, voliges en châtaignier. La distribution des pièces est optimale pour de l’hébergement hôtelier. Il dispose de trois entrées séparées sur la rue et de vastes communs en rez-de-chaussée.