La crise du tourisme est une crise de l'Utopie

Depuis que ce site est en ligne nous avons quelques retours de professionnels du secteur du tourisme, du marketing ou d'amis qui s'étonnent de la signature de notre page d'accueil "l'hôtel de Vignolles donne vie à une utopie : l'hospitalité". Ils y voient un signe de faiblesse, une marque d'irréalité. Un peu comme si nous nous enfermions dans une chimère. 

Et bien nous pensons exactement l'inverse. En voulant donner vie à une utopie nous revenons aux fondamentaux du tourisme.

La singularité du secteur touristique réside non seulement dans le fait d'avoir réussi à donner vie à des utopies, mais aussi de s'être construite sur ces utopies. Nous pouvons lire la crise du tourisme au prisme de la “crise des utopies”, cette période de scepticisme généralisé qui remet en question l’idéalisme qui a longtemps caractérisé notre vision du futur.

Petite explication.

Au début du XIXème siècle, en pleine révolution industrielle, les travailleurs n'avaient que peu de temps pour eux-mêmes, et encore moins pour se reposer ou se détendre. Le repos, ou l'idée de pouvoir s'échapper du cycle constant de travail, était considéré comme une utopie. Puis, le progrès social et les réformes du travail ont commencé à introduire des concepts tels que le temps libre et les vacances payées. L'utopie du repos a commencé à devenir réalité pour un nombre croissant de personnes. Le développement des chemins de fer a rendu le voyage plus accessible et abordable, permettant à davantage de personnes de visiter des lieux de villégiature et de se détendre. La mer, la campagne, la montagne étaient des destinations privilégiées pour ces premiers touristes en quête de repos et de dépaysement.

C'est ainsi que le repos, autrefois considéré comme une utopie inaccessible pour les travailleurs du XIXème siècle, a lentement commencé à se concrétiser, jetant les bases de l'industrie du tourisme telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Puis est arrivée, après la Seconde Guerre mondiale et l’émergence de la société de consommation, l’utopie des vacances. Elle est née de l'idée que chaque individu mérite plus qu’un moment de repos, il mérite une période pour profiter de la vie et vivre de nouvelles expériences. Les stations balnéaires, les villes touristiques et les parcs d'attractions sont devenus des symboles de cette utopie, des lieux où l'on peut s'amuser, se divertir et oublier le stress de la vie quotidienne.

Des visions idylliques de paysages exotiques ont stimulé l'imagination et encouragé les gens à explorer le monde et à découvrir des lieux qu'ils n'avaient jamais vus auparavant. C’est l'utopie de la mer et du voyage qui incarne l'idée de l'aventure et de l'exploration, la possibilité de découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux paysages et de nouvelles manières de vivre. C’est le temps où l’industrie nous propose des “nouvelles frontières” ou de vivre dans des “clubs méd”. Elle a donné naissance à une industrie du voyage florissante, avec une multitude de destinations à découvrir, des croisières exotiques aux safaris africains, en passant par les treks en montagne.

Cette utopie, sur fond de réchauffement climatique et de tourisme de masse, s’estompe. Les gens ne rêvent plus de vacances idéales comme ils le faisaient autrefois. Ils sont plus préoccupés par la réalité de leurs vies, par le travail, les finances et la survie. Le tourisme de masse a érodé la magie des destinations autrefois exotiques et désirables. Les plages bondées, les sites historiques surpeuplés et les villes touristiques surdéveloppées ont remplacé l'idée d'évasion et de découverte.

Fondamentalement, la crise du tourisme est une crise d’utopie. Pour survivre et prospérer à nouveau, l'industrie du tourisme doit trouver une nouvelle utopie. Elle doit redéfinir ce qu'est le tourisme et ce qu'il signifie pour les gens. Elle doit réimaginer le voyage non pas comme une simple évasion, mais comme une véritable exploration de soi, une façon de se reconnecter avec le monde et de comprendre notre place dans celui-ci. Elle doit encourager un tourisme plus durable, plus responsable et plus authentique, qui respecte les cultures locales et l'environnement naturel. Seulement alors, elle pourra renouer avec le rêve et l'utopie qui ont jadis fait sa force.

C'est pour cela que nous pensons l'hôtel de Vignolles non pas uniquement comme un lieu de repos et une destination mais comme un espace ou plutôt une communauté qui permet une reconnexion à soi.

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